Quand le travail fait mal : adapter et soigner

Quand le travail fait mal : adapter et soigner
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Port de charges lourdes, exposition aux vibrations, gestes répétitifs... L’activité professionnelle peut parfois faire souffrir. Sous certaines conditions, le mal de dos peut être reconnu comme maladie professionnelle. Explications.

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Les douleurs lombaires sont l’une des principales causes d’invalidité et de pathologie du travail. Parce que bien souvent l’usure du dos s’installe progressivement sans trop de douleurs associées, il est essentiel d’être attentif à vos postures au travail. La lombalgie est la première cause de handicap d’origine professionnelle en France (1).

Quelques chiffres sur les lombalgies au travail (1) :

- Les lombalgies sont en cause dans 20 % des accidents de travail

- 7 % des maladies professionnelles reconnues par l’assurance maladie sont des lombalgies

- Les lombalgies représentent la troisième cause d’admission en invalidité

- La durée moyenne d’un arrêt de travail après accident de travail ayant causé une lombalgie est de 2 mois

- 10 millions de journées d’arrêt de travail après accident du travail (soit ¼) sont en lien avec des lombalgies

- Un tiers des arrêts de travail de plus de six mois sont dus à des lombalgies

- En accident de travail, le coût global des lombalgies est d’un milliard d’euros par an

Comment le travail peut-il faire mal au dos ?

Au travail - en particulier en cas de travail manuel - le dos peut être hautement sollicité : manutentions, chutes, exposition aux vibrations, postures prolongées, postures pénibles sous contrainte, travail physique difficile, traumatismes… Les sollicitations du dos sont d’autant plus importantes en cas d’antécédents de lombalgies, de corpulence particulière (maigreur ou surpoids), d’anomalies anatomiques ou de grossesse.

la manutention, cause de nombreuses lombalgies

Si l’ensemble de ces facteurs peuvent induire des lombalgiques aigues, d’autres éléments vont tendre à les rendre chroniques : mauvaises conditions de travail, insatisfaction au travail, stress, contraintes psycho-sociales, absence de culture de prévention dans l’entreprise… Désormais, la plupart des employeurs, aidés par les médecins du travail, mettent en place des mesures pour éliminer ou réduire les facteurs de risque (outils de levage, protection contre les vibrations, aménagement du poste de travail, …) et intégrer les personnes qui souffrent de lombalgie dans un emploi adapté.


Des réglementations ont aussi été mises en place pour protéger les salariés des lombalgies (1) : ainsi, soulever un poids de plus de 25 kg à la main n’est plus acceptable, plus de 40 actions techniques par minutes non plus, pas plus que de pousser ou tirer plus de 350 kg.

Comment la ceinture lombaire peut-elle protéger des lombalgies au travail ?

L’INRS explique (2) que la ceinture lombaire a un effet immédiat sur la réduction de la douleur et donne une impression de stabilité de la colonne vertébrale. Elle agit en augmentant la pression intra-abdominale et en réduisant les forces qui s’appliquent sur les disques intervertébraux. La ceinture immobilise le rachis lombaire et permet de réduire la douleur des crises de lombalgies aigues. Elle n’entraine pas de fonte musculaire et ne modifie pas les capacités de force des muscles.

Votre médecin traitant, le médecin du travail ou votre kinésithérapeute peuvent prescrire des ceintures lombaires et définir la durée optimale d’utilisation.

port d'une ceinture lombaire au travail

Le mal de dos peut-il être reconnu comme maladie professionnelle ?

Pour permettre sa prise en charge, votre mal de dos doit être inscrit aux tableaux des maladies professionnelles du régime général (RG) ou du régime agricole (RA) de la Sécurité sociale.

Actuellement, seules la sciatique et la radiculalgie par hernie discale y figurent, avec une durée d’exposition au risque d’au moins 5 ans.

Cela concerne les affections chroniques provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences, transmises au corps entier par l’utilisation et la conduite d’engins tels que les chargeuses, pelleteuses, grues, tracteurs, broyeurs, camions monoblocs… (Tableaux 97 du RG / 57 du RA)

Les travaux de manutention manuelle de charges lourdes sont également reconnus susceptibles de provoquer ces maladies, dans des domaines aussi variés que le fret, le bâtiment, le déménagement, les soins médicaux et paramédicaux… (Tableaux 98 du RG / 57 bis du RA)

Votre mal de dos n’apparaît sur aucun tableau ou toutes les conditions prévues aux tableaux ne sont pas remplies ? Son origine professionnelle peut tout de même être reconnue.

Quelles sont les démarches à effectuer pour déclarer votre maladie professionnelle ?

Vous devez demander une prise en charge de votre maladie auprès de votre caisse d’assurance maladie, via le formulaire « déclaration de maladie professionnelle », téléchargeable en ligne, Cerfa n°60-3950 pour le régime général ou Cerfa n°10131*04 pour le régime agricole.

Joignez à votre formulaire les 2 premiers volets du certificat médical initial, établi au préalable par votre médecin (moins de 6 mois après la fin de votre exposition au risque professionnel). Le médecin y note la date de la première constatation médicale de la maladie professionnelle, la nature des lésions et des symptômes observés.

Si votre médecin vous a prescrit un arrêt de travail, le 3e volet du certificat médical initial est à adresser à votre employeur.

Pour finaliser votre dossier, n’oubliez pas également de joindre l’attestation de salaire remise par votre employeur.

Vous avez deux ans pour envoyer votre dossier, à partir de la date de cessation d’activité pour maladie, ou à partir de la date du certificat médical établissant un lien possible entre votre mal de dos et votre activité professionnelle.

Comment sera étudiée votre demande ?

Dès réception de votre dossier, votre caisse d’assurance maladie vous envoie la feuille de maladie professionnelle qui vous servira à la prise en charge de vos soins et médicaments.

Elle étudiera ensuite votre demande et se prononcera, sous 3 mois, sur l’origine professionnelle ou non de votre mal de dos.

Si des investigations supplémentaires sont nécessaires (examen par un médecin du travail, enquête sur votre lieu de travail…), votre caisse dispose d’un nouveau délai de 3 mois pour motiver sa décision. Votre dossier peut également être soumis au Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP).

À l’issue de son instruction, votre caisse d’assurance maladie vous informe de sa décision et la communique également à votre employeur et votre médecin traitant.

Si votre mal de dos est reconnu maladie professionnelle, vous recevrez des indemnités journalières ainsi qu’une indemnisation spécifique si votre incapacité s’avère permanente.

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Mal de dos : à qui s'adresser ?

Qui consulter en cas de mal de dos ? Il est parfois difficile de s’y retrouver entre les professionnels de santé que l’on peut consulter directement ou via son médecin généraliste (kinésithérapeute, spécialiste, ...) et les autres métiers du soin (ostéopathe, chiropracteurs). Chacun a suivi une formation spécifique et peut délivrer des soins particuliers qui sont remboursés ou non.