Mal au dos en travaillant assis : que penser du standing desk ?
Les plateformes de travail assis-debout ont la cote dans les entreprises ! Si leurs bénéfices sur les douleurs dorsales restent mal identifiés, elles semblent toutefois apporter un certain confort aux travailleurs.
Il a fait son apparition dans les open-space et autres espaces de travail : le standing desk - littéralement, « bureau debout ». Cet outil réputé pour lutter contre le mal de dos et les troubles musculo-squelettiques (TMS) est de plus en plus prisé par les entreprises. Mais en réalité, son existence n’est pas tout à fait nouvelle : Winston Churchill, Ernest Hemingway ou encore Thomas Jefferson, travaillaient eux-mêmes sur ces bureaux atypiques !
Le principe du standing desk, également appelé stand-up desk, est relativement simple. Grâce à un système modulable, il permet de placer le plan de travail à hauteur du buste. On peut ainsi lire, écrire ou pianoter sur son clavier tout en restant debout, et éviter les désagréments liés à la position assise prolongée, responsable entre autres de maux de dos. Ces bureaux ergonomiques sont également conçus pour pouvoir revenir à la position assise ; l’utilisateur peut ainsi alterner à sa guise les positions de travail.
Ces plateformes assis-debout sont censées apporter un certain nombre de bénéfices aux travailleurs : réduction des TMS dont les douleurs dorsales, mais aussi diminution du risque de diabète et de troubles vasculaires. En effet, les utilisateurs brûleraient davantage de calories en travaillant debout, et dans cette position, leur circulation sanguine s’en trouverait améliorée.
Travailler en assis-debout contre le mal de dos, Que dit la science ?
Mais sont-elles réellement efficaces ? Alors que la science commence à se pencher sur cet outil, les données restent à ce jour contradictoires. Il est toutefois possible d’en tirer quelques enseignements.
Une équipe de la revue Cochrane1 s’est penchée en 2016 sur ces dispositifs visant à améliorer la santé des travailleurs. Les chercheurs ont conclu à l’absence de preuves d’efficacité significatives sur le plan cardiovasculaire ou musculo-squelettique. Le fait de travailler debout n’induirait pas plus de dommages que la position assise ; pour autant, les bureaux debout ne feraient pas mieux que les traditionnels bureaux assis.
Mais une méta-analyse2 publiée dans la revue Ergonomics en 2018 est allée un peu plus loin, en se concentrant plus spécifiquement sur l’impact de ce dispositif sur les douleurs dorsales. En passant en revue de nombreuses études sur le sujet, les chercheurs ont conclu que les plateformes assis-debout avaient bel et bien quelques bénéfices - modestes certes, mais réels.
Elles permettraient de réduire l’inconfort et les douleurs aux dos liés à la position assise prolongée, chez une population non sujette aux douleurs chroniques. En d’autres termes, pour la plupart des travailleurs, ces bureaux peuvent présenter un intérêt. Mais pour les personnes souvent atteintes de maux de dos, les bénéfices restent limités.
En tout état de cause, varier les positions de travail semble recommandable - même si les bénéfices précis doivent faire l’objet d’études plus vastes. Des chercheurs en ergonomie ont émis des recommandations précises3, comme le rappelle le site Slate : pour chaque demi-heure de travail, ils préconisent de s’asseoir pendant vingt minutes, d’être debout huit minutes et de se déplacer et s’étirer pendant les deux restantes.
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Shrestha N & al., Workplace interventions for reducing sitting at work. Cochrane Database of Systematic Reviews Cochrane Systematic Review, 2016, Issue 2. Art. No.: CD010912. DOI: 10.1002/14651858.CD010912.pub3
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Shuchi Agarwala & al., Sit-stand workstations and impact on low back discomfort: a systematic review and meta-analysis, Ergonomics Vol. 61, No. 4, 538–552, 2018, doi.org/10.1080/00140139.2017.1402960
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John P Buckley & al., The sedentary office: an expert statement on the growing case for change towards better health and productivity, Bristish Journal of Sports Medicine, Volume 49, Issue 21, 2015, dx.doi.org/10.1136/bjsports-2015-094618